Simplement moi

Le temps passe, la vie s'écoule tout doucement ou alors elle nous bouscule un peu, histoire de nous réveiller! Entre mes joies et mes peines d'hier et celles d'aujourd'hui, il y a encore toutes celles à venir...mais elles, je ne veux même pas y penser, ni les imaginer.

Aujourd'hui n'est-il pas tout ce qui devrait compter? On essaie si souvent, trop souvent, de comptabiliser nos sentiments, tout comme si nous comptabilisions nos vies. Puis, on se rend compte un beau matin que rien ne revient de ce qui est passé. Prendre alors son courage à deux mains et aller de l'avant, regarder cette porte qui s'ouvre plutôt que de presque s'imposer de ne pas détacher le regard de celle qui se ferme, demande tellement d'efforts, de maîtrise de soi, de déchirements intérieurs, que demeurer dans ces sables mouvants est plus facile que de ne plus les laisser nous enliser.

Quelque chose de beau et de grand ne vient plus me réchauffer...serait-il alors temps de non seulement tourner la page, mais de changer de livre! Quelque chose de nouveau et d'inconnu frappe à la fenêtre...lui ouvrirai-je bien plus que ce carreau, mais aussi la porte toute entière? Je ne sais pas...ne serait-il pas plus sage de le faire, de prendre le risque...car risquer c'est vivre non?

Vivre...bon, et si aujourdhui je choisissais de ne plus décider ce que je devrais ressentir? Car après tout, c'est très contraignant d'analyser ses sentiments, ses coups de coeur, ses coups de gueule ou de cafard! Une chose semble certaine: si je limite mes sentiments négatifs, je limite aussi mes sentiments positifs.

Donc, il me faut reconnaître et enlacer mes douleurs, mais donner le même espace aux frissons de bien-être afin de leur donner une chance égale d'exister, eux aussi...ne plus nager à contre-courant, mais justement laisser couler la rivière.

Dans tout cela, j'avais peut-être bien égaré quelque chose de vital et de nécessaire à ma survie: moi...oui, c'est ça...être simplement moi.


Delvina Lavoie.