La petite fille de noel

En ce soir de Noël dans le petit village,
Un manteau blanc couvrait les toits gris et les rues,
Et un épais brouillard donnait à cette image
Un air fantomatique à la nuit revenue.
Tout au fond des chaumières on préparait la fête,
Ce réveillon béni que les enfants attendent,
En regardant le ciel au-dessus de leur tête
Et priant que ce soir papa Noël descende.
Les rues étaient désertes à part quelques badauds,
Qui traînaient nonchalant en se frottant les mains,
Regardant les vitrines où des poulets bien chauds
Ruisselaient joliment sur des plateaux d’or fin.
En ce soir de Noël le repas sera bon,
Tout autour de la table la famille au complet,
Le poulet ou la dinde sous un lit de marrons
Seront les bienvenus en ce soir de veillée.
Pourtant prés de l’église elle se sentait bien seule,
Pas de jolie maison ni de feu crépitant,
Elle aurait bien aimé ce que les badauds veulent,
Ce poulet ruisselant, ce poulet si tentant.
Oui mais voilà pour elle, que le coin de la rue,
Le parvis de l’église ou un bout de trottoir,
Attendant simplement qu’une main inconnue
Lui jette un bout de pain en passant sans la voir.
Quand on a que 10 ans et personne à aimer,
En un soir de Noël ou les gens sont joyeux,
On ne pense plus à rien qu’à simplement prier
Pour qu’un passant s’arrête et lève un peu les yeux.
Le papa est parti quand elle a vu le jour,
On ne sait pas pourquoi mais c’est peut-être mieux,
Elle n’avait que maman pour lui donner l’amour,
Mais elle vient de partir pour rejoindre les cieux.

Elle n’a plus de parents et n’a plus de maison,
Alors elle attend là en regardant les gens,
Mais ils passent sans la voir le nez vers l’horizon
Et en pressant le pas ils s’éloignent simplement.
Et la voilà qui pleure de froid et de misère,
De regarder ces gens qui eux ne la voient pas,
De regarder ces gens qui au fond des chaumières
Vont fêter la Noël autour d’un bon repas.
Elle se met à marcher pour réchauffer son cœur,
Pour réchauffer ses pieds qui n’ont plus de souliers,
Elle voudrait que pour elle en ce soir de bonheur
Le père Noël s’arrête pour lui faire un baiser.
Soudain au coin de rue elle bouscule un passant,
Qui passe dans l’autre sens en regardant le sol,
Et les voilà qu’ils tombent dans le froid manteau blanc
En se frottant les mains et remontant le col.
Et elle pleure de plus belle en regardant cet homme,
Et s’excuse en sanglots de l’avoir bousculé,
Mais le Monsieur sourit en lui disant en somme
Que c’est sa faute à lui, qu’elle ne doit pas pleurer.
Il relève la petite et lui essuie les yeux,
Lui qui est en habit et les souliers vernis,
En regardant ses pieds il se sent malheureux
Et sous se cheveux sales il la trouve très jolie.
Il lui dit gentiment qu’elle serait mieux au chaud,
Auprès de ses parents et d’un repas joyeux,
Mais la petite répond au milieu des sanglots
Que ce soir sa maison est la voute des cieux.
Qu’elle n’a plus de parent, qu’elle n’a plus de maison,
Que ce soir de Noël au milieu de la rue,
Dans ce froid de l’hiver son unique horizon,
Ne sont que les étoiles illuminant les nues.
A ces mots le bonhomme en a les larmes aux yeux
Et il prend par la main la petite en sanglots,
Il lui dit gentiment que ce soir il le veut,
Elle aura un repas et des tas de cadeaux.
Les voilà arrivés devant une maison,
La plus belle du village et la plus éclairée,
Puis voilà le Monsieur qui rentre sans façon
Et se met à crier ; »J’amène une invitée ».
Et voilà la petite habillée de soieries,
Avec de beaux souliers qui brillent de mille feux,
Et sur la table alors un repas est servi,
Maintenant c’est de joie, les larmes dans ses yeux.