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Sur son socle de bois verni
une vieille charrue abandonnée
s'apitoie sur son sort et se rouille d'ennui.
Elle se souvient des belles années
où, de sillon en sillon et sans bruit,
elle allait dans la plaine à tous vents
et préparait la terre aux semis.
Sur ses manchons de bois, elle aimait
sentir les mains rugueuses du laboureur.
puis se reposer en attendant les blés à venir.
Enfin, être témoin des fruits de son labeur !
Sur son socle de bois verni,
une vieille charrue dans son musée,
s'apitoie sur son sort et se rouille d'ennui.
Par des monstres d'acier, on l'a remplacée.
Les fiers destriers sont devenus poupées.
Le laboureur s'est changé en faiseur de bruit.
Plus jamais elle ne reverra sa plaine,
ni le sillon, ni la naissance des graines.
Autour d'elle les gens se pressent, drôles,
se disant: à quoi cette étrange chose
pouvait-elle être utile à nos parents?
Cruel est l'oubli, quand s'impose le présent.
Martial Noureau