Il y a très très longtemps , dans un petit village au bord de l’océan, inaccessible des hommes, vivaient de gentils lutins.
Au fil des ans, ils avaient acquis la bonté et une grande sagesse. Tous étaient très âgés mais chez les lutins, l’âge ne compte pas, car personne ne peux les apercevoir.
Heinkel, est l’ancien du village, le gardien de la magie, le protecteur des objets magiques récoltés depuis toutes ces longues années et âgé de plus de deux cent-cinquante ans.
Evidemment, c’est le plus sage et le plus malin.
Ce matin-là était différent, Heinkel savait que quelque chose allait se passer!
Très tôt, bien avant que les lutins ne partent pour leur journée de travail, un inconnu arriva dans le village ce qui embêtât beaucoup Heinkel car jamais auparavant, aucun être humain n’était parvenu jusqu'à eux.
En général, les hommes avaient peur des pouvoirs magiques des lutins, et cela arrangeait bien Heinkel car son travail était d’aider les enfants qui en avaient besoin et surtout pas les hommes qui passaient leurs temps à ce battre et détruire la nature.
Après chaque guerre, les lutins remettaient de l’ordre suivant leur spécialité .
Hayden guérissait les arbres après l’arrachage des branches que les hommes utilisaient pour la confection des arcs et des flèches .
Heutel s’occupait des fleurs qui avaient été piétinées sans aucune pitié.
Harold soignait les animaux , il les connaissait tous et tous lui faisaient totalement confiance .
Et Horgen rendait l’eau limpide et cristalline afin que les enfants puissent la boire et s’y baigner sans aucun problème.
Voilà pourquoi l’arrivée de cet inconnu dérangeait beaucoup le village.
- Qui es-tu et que viens-tu faire ici demanda Heinkel.
- Je m’appelle Macimo, je suis pécheur. Cette nuit, il y a eu une tempête et mon bateau a fait naufrage. J’ai eu la chance de m’accrocher à un tonneau et le courant m’a fait échouer ici.
Ce qu’il ne dit pas aux lutins, car il en avait peur lui aussi, c’est que son bateau n’avait pas chaviré, mais que l’équipage l’avait jeté par dessus bord, car il dérobait l’eau et la nourriture.
- Ne t’inquiète pas lui dit Horgen, tu es un pécheur, tu vis sur l’eau et bien moi, je vais t’aider!
- C’est très aimable à toi mais comment peux-tu m’aider ? demanda Macimo.
- Je vais réunir le village et leur demander de l’aide pour te construire un nouveau bateau.
- Il n’est pas question de couper mes arbres afin de lui construire un bateau gronda Hayden.
Heinkel promis de réfléchir a une solution pour le nouveau bateau mais actuellement tous avaient du travail.
Tard, après la veillée, alors que chacun avait regagné son lit, Harold alla trouver Heinkel et lui dit : "Aujourd’hui, j’ai soigné une mouette qui avait une aile abîmée et elle m’a raconté ce qui est vraiment arrivé à Macimo. C’est un menteur et un voleur et nous ne pouvons pas l’aider pour son bateau".
- Je le sais déjà lui répondit Heinkel, le vent me l’a soufflé à l’oreille et je sais quoi faire pour nous en débarrasser et qu’il quitte à jamais notre village. Dans mon coffre magique, je possède un objet qui va m’aider fortement dans la réalisation de mon stratagème.
Dans ce coffre, il y avait énormément de choses : la boîte de couleurs de l’arc en ciel, le sac de poudre d’étoiles, les graines magiques qui font que l’herbe soit si tendre et verte et d’autres merveilles encore qu’il gardait précieusement.
Le matin, un peu avant le réveil des lutins, Heinkel pris dans son coffre le moulin magique.
C’était un moulin ordinaire fait de bois avec une jolie poignée en porcelaine blanche et de petites fleurs bleues dessinées sur le tiroir .
Heinkel avait un petit sourire et ses yeux pétillaient de malice.
Son grand âge ne l’empêchait pas de jouer de vilains tours à ceux qui le méritaient, d’ailleurs, certains s’en souviennent encore.
Heinkel s’installa sur un banc a côté de l’arbre favori de Hayden et attendit le moment propice pour mettre son plan à exécution.
Il n’attendit pas longtemps, en effet, peu de temps après, les lutins arrivèrent accompagnés de Macimo.
C’est à ce moment que Heinkel commença à tourner lentement la poignée du moulin magique.
Macimo n’en croyait pas ses yeux .
Du tiroir du moulin sortaient des dizaines de pièces d’or et plus il tournait la poignée plus les pièces sortaient.
Il en sortait tellement qu’elles roulèrent jusqu’aux pieds de Macimo qui s’empressa de les ramasser afin de vérifier qu’il ne rêvait pas. Jamais il n’aurait pu croire qu’une telle chose existait, il s’approcha de Heinkel ou plutôt du moulin, car une méchante idée venait de lui traverser l’esprit.
Heinkel regarda Macimo et vit dans ses yeux que son plan avait fonctionné , il était content , Macimo allait bientôt quitter le village.
- Crois-tu avoir assez de pièces pour acheter ton nouveau bateau , lui demanda Heinkel.
- Je pense que cela suffira , répondit Macimo, les yeux toujours fixés sur le moulin. Mais comment fais-tu ,il y a sûrement une formule magique pour avoir autant d’or.
- C’ est très simple, lui répondit Heinkel, il suffit de demander ce dont tu as besoin et le moulin te le fournira.
Ce qu’Heinkel avait omis volontairement de dire a Macimo c’est que le moulin ne fonctionnait qu’a la condition que l’utilisateur soit très poli. Pour le faire fonctionner il fallait lui dire "S’il te plaît, petit moulin, donne moi ceci ou cela" de même pour qu’il arrête "s’il te plaît , petit moulin arrêtes toi ."
La nuit venue, lorsque le village était profondément endormi, Macimo se leva et s’habilla sans faire de bruit .
Il se dirigea vers la maison d’Heinkel, car à la minute même où il avait vu le moulin et les pièces d’or, il avait décidé de le voler.
Il pensait "Je vais êtres riche, je ne devrai plus jamais travailler, je construirai la plus grande et la plus belle maison qui existe, j’épouserai la plus jolie fille de la région et je deviendrai le chef de mon village ! Avec toutes ces pièces d’or, enfin les villageois me respecteront."
Il s’empara du moulin et se sauva à toute vitesse. Il couru jusqu’au bord de l’océan où la veille il avait repéré une petite barque. Il mit l’embarcation à l’eau et le moulin bien à l’abri sous le siège. Il commença à ramer de toutes ses forces afin de s’éloigner le plus rapidement possible du village.
Il rama toute la nuit, se guidant avec les étoiles fin de ne pas se perdre.
Macimo était pressé de rentrer chez lui et de pouvoir faire toutes les choses auxquelles il avait rêvé.
Tout en ramant, il réfléchit "Si j’utilise le moulin au village et qu’un voisin le voit, il va certainement vouloir le voler donc, je vais demander au moulin de sortir toutes les pièces qu’il a dans le tiroir ensuite, je le cacherai dans les rochers après, je rentrerai riche et fière chez moi."
Aussitôt dit, aussitôt fait, Macimo sort le moulin qu’il avait mis à l’abri sous le siège de la barque, tourne la poignée et dit : "Donne-moi beaucoup d’or ."
Evidemment , Macimo ne sait pas qu’il faut dire "S’il te plaît, petit moulin, donne moi de l’or."
Comme il continue à tourner la poignée de plus belle, ce ne sont pas des pièces d’or qui sortent du tiroir mais du sel des kilos et des kilos de sel.
Macimo crie : "Arrête - toi, mais arrêtes ce n’est pas du sel que je demande mais de l’or."
Macimo crie de plus en plus fort , il s’énerve , mais rien n’arrête le petit moulin.
La barque s’alourdit et cela risque de la faire chavirer .
Macimo se rend bien compte qu’il s’est fait avoir par les lutins et ne sachant plus quoi faire, il prend le petit moulin et le jette le plus loin possible dans l’eau.
Depuis ces nombreuses années, le petit moulin continue a déverser du sel dans la mer, personne n’a pu lui demander poliment de s’arrêter et voilà pourquoi toutes les eaux des océans sont salées.