Je vous offre ce soir un passage de mon Recueil de Nouvelles, Passages fragiles et éternels. Disons que cela m'évite de faire mal à ma petite tête!
Bonne lecture.
‘’ Je ne suis que celle qui vous parle dans la nuit, celle que parfois vos esprits inventent pour mieux vous endormir. Je respire, je ris et je pleure, comme vous. Je donne, je prends, je redonne et je reprends… comme vous. J’attends, je guette et je
dors… comme vous. Je joue, je gagne et je perds…
comme vous. Je me déchire, je me défends et je me
lasse… comme vous. J’ai appris à accepter ou à mieux vivre, puisque je veille toujours… comme
vous?
Dire qu’il m’aura fallu un été pour aimer, un automne pour tout quitter, un hiver pour m’arrêter
un instant et un printemps pour permettre à la vie de recommencer. C’est tout ce qu’il faut, semble-t-il.
Un matin, je suis partie de mon havre. Je croyais comme vous trouver plus grand, plus beau et plus fort. Néanmoins je n’ai fait que tourner en rond sans m’arrêter, me laissant bousculer dans tous les sens. Jusqu’à ce que ne tourne plus ce manège qui m’étourdissait avec ses tourniquets à contrecourant et à non-sens. Bien entendu, il y eut ces engelures qui gercèrent mes doigts, et qui pour toujours laissèrent leurs flétrissures sur mes mains.
Ou encore, il y eut ces coups durs qui m’ont fait courber le dos, avec cette oppression qui m’étouffaient afin de mieux m’asservir. Pourtant, je n’étais qu’un simple soldat qui luttait en croyant servir le bien, et non un général dont se servent trop souvent les présidents pour excuser leurs jeux de pouvoir.
Bien entendu, j’ai aussi connu la désolation du désert et son étendue qu’une nature ingrate m’imposait. De mes rires et de mes danses ne restèrent que des soupirs qui finirent par s’évanouir dans la brume du temps. Celui-ci me fuyait toutefois trop rapidement, et sans
attendre que j’aie été prête à me remettre debout. Je me suis toutefois relevée, malgré lui…et sans lui.
Je ne suis que celle qui vous parle dans la
nuit pour vous dire de résister encore, car le temps
de tout abandonner n’est pas encore arrivé.
Puisqu’en vous dort un amour peut-être blessé…
mais toujours vivant? D’ailleurs, n’entendez-vous
pas cette chanson qui s’accompagne d’une musique
pleine de feu? Qui sait si elle ne réveillera pas en
nous ce goût, et surtout ce besoin, de nous redresser et de poursuivre quelque combat?
A.P. ‘’.
Delvina Lavoie.